Ježeva kućica ou La petite maison du hérisson
Je vais donc donner une petite explication aux photos que j'ai mises en ligne hier.
Ce conte, c'est un peu un Pierre et le loup yougoslave. Toutes les générations ont grandi en lisant et en écoutant l'histoire de la petite maison du hérisson. D'ailleurs à chaque représentation, les adultes comme les enfants connaissent les paroles et c'est marrant à regarder car on voit bien que ça rappelle des souvenirs aux parents.
L'histoire est toute simple : Ježurka Ježić (Hérisson Ford en version française), le chasseur le plus redouté de la forêt, habite une petite maison. Son ami la Renarde lui écrit une lettre pour l'inviter à dîner chez elle. Le repas est copieux et délicieux, la compagnie non moins agréable, mais la nuit est tombée et il est temps pour le hérisson de repartir chez lui. Son hôte l'invite à passer la nuit mais il refuse, tout pressé qu'il est de retrouver son chez-lui.
La renarde, un peu vexée et intriguée par ce qu'elle imagine être un palais bien supérieur à sa propre maison, décide de le suivre pour en avoir le coeur net. Elle rencontre en chemin le loup, l'ours et le sanglier, qui décident de l'accompagner. Arrivé devant le terrier du hérisson, tous éclatent de rire, se moquent de lui et le traitent d'idiot, car sa maison n'a rien de luxueux, ni de spécial. Le hérisson leur fait alors la morale : qu'importe la splendeur de sa maison, du moment qu'on s'y sent bien. La renarde comprend qu'il a raison et regagne vite son logis. Mais les émoqueries du loup, de l'ours et du sanglier leur sont fatales : le premier est tué par les villageois, le deuxième, trop gourmand, est piqué à mort par des abeilles et le troisième est tué par des chasseurs.
Comme Ćopić était un écrivain officiel du parti communiste de la Yougoslavie de Tito, le conte pour enfant fonctionne aussi en tant que métaphore politique et représente notamment les dissensions apparues entre la Yougoslavie et l'URSS (en 1948, le Parti communiste yougoslave est exclu du Kominform et Tito, pour maintenir sa politique de neutralité, refuse de signer le Pacte de Varsovie proposé par l'URSS en 1955). Le hérisson représente donc Tito, qui était un chasseur avéré (parce que bon, le hérisson est plutôt insectivore, paye ton chasseur d'escargots) ; la renarde, l'URSS ; et les trois animaux sauvages les pays qui ont se sont rangés du côté de l'Union soviétique lorsque cette dernière a critiqué la Yougoslavie.
Karlo, qui joue le rôle du hérisson, a aussi écrit une version grivoise surtout pas pour les enfants dont je vous laisse deviner le titre, qui sera jouée dans la programmation off d'un festival d'arts de la rue à Pula début juillet. Pour voir la version croate illustrée, c'est là et pour entendre la version chantée originale, c'est là et là.